Anomalisa

Réalisateurs : Duke Johnson & Charlie Kaufman (scénariste sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Human Nature, Dans la peau de John Malkovitch)

Voix : David Thewlis, Jennifer Jason Leigh, Tom Noonan

Synopsis : Michael Stone est un homme sclérosé par la banalité de sa vie. Lors d’un voyage d’affaires où il doit intervenir dans un congrès de professionnels des services clients, il entrevoit la possibilité d’échapper à son désespoir quand il rencontre Lisa, représentante de pâtisseries, qui pourrait être ou pas l’amour de sa vie…(Source : Allociné)


Étrange et intéressant.

Dur à raconter aussi. Disons que ça tourne autour d’un type pas bien dans sa peau qui poireaute dans un hôtel.

Bon, c’est, heureusement, plus compliqué que ça, et on appréciera de ne pas avoir affaire à un film facile, qui ne donne pas tout clé en main, au spectateur.

A commencer par le physique et la voix des personnages. Car on débute le film en se disant « Mince, mais y a un truc bizarre », on s’aperçoit ensuite que tous les personnages sont identiques, que toutes les voix sont la même voix (masculine. Assez troublant). Et là, on se dit « Mais pourquoi ? » Et puis, enfin, on comprend. C’est ce type de cheminement qui est excellent. De comprendre petit à petit l’intention du film, son ambiance, les règles qui le régissent. D’un autre côté, on termine aussi le film en ayant l’impression de ne pas avoir tout compris. Et pour le coup, j’attendrai avant de le revoir.

On retrouve la patte Charlie Kaufman (Dans la peau de John Malkovitch, Eternal Sunshine of the Spotless Mind,…) dans son côté décalé. Et ce qui rend le film si étrange, c’est ce mélange décalé et hyper-réaliste. Hyper-réaliste dans les situations, dans les dialogues, dans le fait que rien n’est caché. Une bonne partie du film ne comporte quasiment pas d’ellipses du tout. On a une impression du temps qui passe, du gars qui arrive à l’hôtel, prend l’ascenseur, marche dans le couloir, entre dans la chambre, pose ses affaires, va aux toilettes, commande à manger, allume une cigarette, va regarder par la fenêtre,… C’est chiant hein ? Normal, je ne m’appelle pas Charlie Kaufman.

Anomalisa

Avec ce réalisme (et surréalisme), vient aussi le décalage ; l’uniformité de la totalité des personnages du film, les 2 personnages principaux excepté, la démarche étrange de ces mêmes personnages, leurs corps à la fois réalistes et étranges dans leur conception. La « texture » (je ne sais pas comment décrire ça) du film, des personnages en particulier, est aussi très bizarre. Une espèce de stop-motion, mais trafiquée numériquement. On est à dix mille lieues de la peau lisse de Pixar, les visages sont découpés à tel point qu’on dirait que les personnages portent des masques.

Cette ambiance si spéciale, j’y étais immergé pendant une bonne partie du film, et puis sur la fin, quand le rythme change, que le temps passe, mon attention a décru. Les 1h30 paraissent presque trop longues et c’est dommage car le film conserve cette ambiance particulière et son propos intelligent jusqu’à la fin. Tour à tour, touchant émouvant, cynique, posé, drôle parfois, jouant sur les dialogues, les décors, les voix, les physiques des personnages, tout est utilisé et au service du propos du film.

Si vous voulez voir une (bonne) comédie, allez voir Deadpool. Si, au contraire, vous vous trouvez trop joyeux, allez voir Anomalisa, un film sur… ben, vous verrez.

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