Une parfaite chambre de malade

Auteur : Yoko Ogawa

Résumé: Une jeune femme vient de confier sa grand-mère à une institution médicalisée. Dépendante, silencieuse et immobile, la vieille dame semble peu à peu s’effacer de toute réalité. Dans la mémoire et l’inconscient de sa petite-fille, la solitude est immense…Une jeune fille apprend que son frère, malade, doit passer les derniers mois de sa vie à l’hôpital. Jour après jour elle lui rend visite et leur intimité s’accroît, au rythme des saisons, dans la quiétude de la chambre blanche.
Dans ces deux nouvelles, Yoko Ogawa n’évoque pas simplement la douleur de la mort ou la violence de la maladie, elle explore un sas très particulier ce passage de la vie à l’absence qui induit un remarquable accomplissement des sentiments avant leur inscription dans la mémoire.

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Une parfaite chambre de malade : Deux courts romans (ou deux longues nouvelles), un plaisir de lire.

On suit d’abord une jeune femme dont le frère tombe gravement malade et dont l’issue est fatalement certaine.
Dans La Désagrégation du papillon on suit une autre jeune femme qui doit mettre sa grand-mère avec qui elle vivait, en maison de retraite à cause de la démence sénile dont celle-ci souffre.

Deux histoires, un thème et une ambiance bouleversants. Avec cette écriture toujours aussi paisible mais qui porte en elle des sujets terribles et qui remuent le lecteur. (Mais comment fait-elle ?)
Au final les deux histoires se mêlent, se ressemblent, se complètent parfaitement. Car les points communs abondent entre ces deux situations.  La Désagrégation du Papillon va peut-être plus loin dans « l’abstrait ».

Ce ne sont pas de ces histoires où les péripéties et retournements de situation  n’arrêtent pas. Je ne sais pas si je me souviendrai de tout ce qui se passe dans ces nouvelles. En revanche, il restera une ambiance, un univers. La maladie, l’absence, l’oubli, la souffrance sont comme murmurés à l’oreille du lecteur. Ce qui n’empêche pas la présence d’une note plus dure voire dérangeante.

Yôko Ogawa est vraiment un auteur à découvrir, elle a ce petit « truc » qui fait les grands écrivains.

Pas de longue critique cette fois, il suffit de lire et se laisser porter par la puissance de cette écriture !

Elle a déjà oublié comment faire pour m’envoyer des signaux. Elle a oublié toutes sortes de choses très rapidement. Par exemple, le temps, les noms, l’appétit, la douleur, la parole. Pendant ce temps-là, son corps s’est flétri, s’est recroquevillé comme un foetus. Elle cherche à retourner quelque part. Dans une mémoire certaine, impossible à décrire comme la sensation du liquide amniotique. Une mémoire qui vous recueille comme la mer quand tout devient lourd à porter. Elle s’apprête à entrer dedans. Et elle abandonne ce dont elle n’a pas besoin. Par exemple, la prière, les mots, les larmes, moi.

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