A vos caddies !

Auteur : Patrick Ledent

Editeur : Calliopées

4e de couverture: Une balade dans un cimetière, un pamphlet au supermarché, un ouvrier amoureux d’un poinçon, un restaurant fantastique, de la chimie un peu trop appliquée, un faubourg industriel, les tendres échos d’un bistrot, une tulipe pas comme les autres, un veuf radical, une nymphomane perverse, un tueur crépusculaire, une jeune recrue, un assassin dans la force du doute, le désespoir au lac Saint-Jean, un tour au casino, et pour finir… retour au cimetière et du boulot pour tout le monde !

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Tout d’abord merci à Babelio et son opération Masse Critique et aux Editions Calliopées pour l’envoi de ce livre !

A vos caddies ! est un recueil d’une vingtaine de nouvelles que j’ai eu, je l’avoue, un peu de mal à finir. Le recueil démarre (et finit) par une nouvelle se positionnant contre un passage que chacun a déjà vu. On adhère ou pas…

« Les personnages de cette fiction sont imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. »

La nouvelle suivante se présente sous forme de diatribe contre les supermarchés/hypermarchés, leur fonctionnement, etc… Passé ces deux textes, j’ai refermé le livre et n’y ai pas touché pendant quelque temps. Seulement, opération Masse Critique oblige, je l’ai rouvert et fini. Heureusement ceci dit, car les nouvelles suivantes sont, en règle générale, plus agréables à lire sans ce style pseudo-provocant qui m’a exaspéré.

Une vingtaine de nouvelles donc, et pas vraiment de points communs. (une nouvelle se trouve être la continuation d’une autre, sympathique mais la sauce n’a pas pris hélas) La diversité semble avoir été le maître mot de l’auteur. Rien de négatif là-dedans ! Excepté que le mot qui me vient plutôt à l’esprit est « inégalité ». Inégalité au niveau de l’intérêt que ces nouvelles peuvent susciter, inégalité de style, inégalité de qualité,… Du coup, à chaque nouvelle commencée, je ne savais pas trop dans quoi je me lançais.

A peu près tous les genres y passent. La nouvelle fantastique, avec une idée très intéressante mais qui peine à décoller malgré de bonnes idées, de bonnes phrases. La nouvelle policière sympathique sur un jeune inspecteur Maigret pas très doué et omnubilé par le célèbre personnage. Amusant. Ou encore une nouvelle se déroulant sur une terrasse de restaurant, où tout repose sur la virtuosité des discours. Sauf que… non. Un peu trop lourd, ennuyant et même la chute, aussi imprévisible qu’elle puisse être ne sauve pas la nouvelle.

Bref, je ne vais pas détailler chaque nouvelle, mais se mêlent des histoires d’adultère, de vengeance, ou de réalité crue, difficile (les plus réussies d’ailleurs), une autre reprenant le modèle de la madeleine de Proust,… Certaines sont très originales, d’autres plus terre-à-terre, tout y passe.

Tout n’est pas à jeter, bien au contraire. J’ai pris plaisir à lire plusieurs d’entre elles. Mais cette inégalité laisse un sentiment final très mitigé. Ne serait qu’au niveau du style. L’auteur, manifestement à l’aise dans l’écriture, aime à utiliser des mots « savants » ou du moins pas banals, de belles tournures de phrases, de l’humour… par moments je me suis pris au jeu et à d’autres… pas du tout. Bizarre.

Il est toutefois une chose que je n’arrive pas à nuancer : cette manie d’utiliser le tutoiement lors de certaines nouvelles. Plus que cette façon de s’adresser à « quelqu’un » (une femme, le lecteur,…) c’est la manière de faire qui m’a gêné, genre « Je connais la réaction de mon interlocuteur ». Il y a évidemment autant de réactions que de lecteurs, ça n’a pas fonctionné pour moi en tout cas. Cette complicité est un peu à double tranchant.

J’essaierai de garder en tête toutes celles qui m’ont plu, mais là maintenant j’ai très envie de commencer un autre livre, moins « instable ». (Le mérite d’A vos caddies aura au moins été de me faire réagir !)

4 réflexions sur “A vos caddies !

  1. Bonjour Ameni,
    Merci d’avoir pris la peine de me lire, d’autant que, de votre aveu, ce ne fut pas évident.
    Je ne peux que vous donner raison quant à l’hétérogénéité de ce recueil. C’est le revers du genre, sauf à s’imposer un fil conducteur, ce qui n’était pas l’objectif, puisqu’il s’agissait d’opérer ici un tri parmi quelque 80 nouvelles et dix ans de travail, un tri laissé aux soins de l’éditeur qui disposait d’un atout que les lecteurs de ce recueil ne peuvent avoir: une vue générale de l’ensemble de mon travail.
    Mon style ne vous a pas laissé(e) – je parierai bien pour le féminin, mais on se trompe souvent à ce petit jeu – indifférent(e), ce qui me fait plaisir car s’il y a une constante dans mon travail, loin des thèmes abordés et des genres, c’est bien dans la manière de les aborder et de les présenter, ce que d’aucuns qualifient, faute de mieux, commé étant une « vision très personnelle » de notre quotidien. Reste que si cette vision est tantôt trop tantôt pas assez personnelle, nous ne sommes pas plus avancés, vous avez raison.
    Par exemple, je comprends votre irritation à vous voir tutoyée par l’auteur. Moi-même, je n’ai jamais pu supporter le vouvoiement que m’imposait Michel Butor dans sa « Modification », par exemple. Je puis pourtant vous assurer qu’en ce qui me concerne, le procédé traduit bien moins la suffisance que la complicité, voire l’impérieuse nécessité dans laquelle je me trouve parfois d’avoir un lecteur tout contre moi, pour m’encourager. Une arme à double tranchant, vous le dites et ce que vous avez raison, ce que vous avez raison!
    Les première et dernière nouvelles d’ailleurs, à valeur de préface et de postface (le fameux exergue: « toute ressemblance… »), ne disent rien d’autre que cela! Je regrette de n’avoir pas réussi à vous en convaincre.
    Quant au vocabulaire, que vous qualifiez parfois de « savant », je vous assure qu’il est bien moins motivé par une stupide volonté d’en mettre plein la vue, façon « singe savant » (hélas! voilà pourquoi ça fait mal), que par la constante recherche du mot le plus juste, le plus adéquat et, parfois, à valeur égale, le plus musical ou le plus poétique, je vous le concède.
    Merci donc pour votre critique et votre lecture attentive et intelligente.
    Au plaisir de vous retrouver à l’occasion d’une prochaine publication.

    • Merci à vous d’avoir pris la peine d’intervenir ici et d’éclairer sur votre manière d’écrire.
      Votre réponse montre bien la difficulté de se faire comprendre sur ses intentions avec pour seul « échange » l’histoire ! La difficulté d’écrire de manière générale finalement.
      Oh et votre style ne m’a pas laissé indifférent sans « e », je fais partie des rares blogueurs masculins 😉

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